Résumé: Aligner la finance canadienne sur les engagements climatiques

Les institutions financières, qu’elles soient publiques ou privées, prennent conscience qu’elles sont en première ligne face au risque climatique. Partout dans le monde, les économies évoluées mettent en œuvre une profusion d’initiatives émanant des banques centrales, des autorités de réglementation financière et des acteurs privés. Le Canada doit suivre l’exemple et accélérer le rythme si nous voulons faire partie de la nouvelle économie du savoir à faible émission de carbone.

Les premières initiatives étaient ancrées dans le paradigme de la divulgation volontaire et de la gestion des risques, mais elles n’ont malheureusement pas réussi à défaire le cercle vicieux dans lequel sont prisonniers les systèmes financiers. En effet, les investissements dans les secteurs à forte intensité d’émissions contribuent aux incidences sur le climat qui, en raison de leur nature cumulative, irréversible et très incertaine, représentent une menace pour la stabilité du système financier.

La finance durable est un levier essentiel pour influencer et concrétiser des résultats durables en intégrant la connaissance des changements climatiques au cœur de la prise de décision financière. La meilleure façon de réduire au minimum les risques que les changements climatiques font peser sur le système financier consiste à limiter les risques que les institutions financières font peser sur le système climatique. Une législation ambitieuse et cohérente, exigeant que la finance s’harmonise de manière proactive avec la réalisation des engagements climatiques mondiaux, créerait d’énormes occasions d’investissement propre et durable qui pourraient susciter une nouvelle ère de prospérité. Les accidents industriels, les urgences environnementales et les crises financières ont montré les limites de l’autoréglementation de l’industrie; la crise climatique exige des gouvernements qu’ils montrent l’exemple en définissant les pierres angulaires d’un terrain de jeu équitable et respectueux du climat pour les marchés, afin de déployer l’ingéniosité humaine qui nous a déjà permis de surmonter des crises.

En nous appuyant sur les pratiques exemplaires internationales et sur les principaux penseurs dans ce domaine, nous proposons une série de recommandations qui définissent ce que représenterait pour le Canada le passage de retardataire à leader, afin d’assurer un système financier stable à faible émission de carbone, aligné sur le climat.

 

 

Recommandations

1

Toutes les entités, y compris les institutions financières, doivent s’aligner sur les engagements climatiques.

2

Toutes les décisions financières doivent tenir compte de la nécessité d’éviter le blocage du carbone, c’est-à-dire le renforcement de notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles.

3

Il faut exiger la fixation d’objectifs responsables et une planification connexe, notamment le respect d’un budget carbone mondial conforme à l’Accord de Paris et la prise en compte obligatoire de l’ensemble des émissions du cycle de vie.

4

Les normes de fonds propres doivent tenir compte des risques climatiques systémiques générés par les activités des institutions financières.

5

Il faut reconnaître les changements climatiques comme un intérêt supérieur pertinent pour toutes les fonctions des administrateurs.

6

Il faut éviter les conflits d’intérêts et tirer parti de l’expertise, de l’expérience et des connaissances en matière de climat.

7

Il faut respecter les droits des Autochtones et les autres objectifs environnementaux et sociaux.

8

Il faut élaborer un plan d’action complet pour aligner tous les produits financiers sur les engagements climatiques.