Résumé: Se propulser vers l'avant: Une relance propre et solidaire après la pandémie de la COVID-19

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Résumé

Une crise sévit dans le monde. Si nous ne suivons pas les conseils des scientifiques et si nous refusons d’agir, des millions de personnes mourront et des milliards de personnes seront en danger. Ça vous dit quelque chose? Tout comme les changements climatiques, la COVID‑19 menace notre bien-être physique, social et économique. L’arrivée de ce virus mortel devrait toutefois être vue comme un symptôme ou une conséquence connexe de la dégradation de l’environnement et des bouleversements climatiques plutôt que comme un événement isolé. En effet, la dégradation de l’environnement par l’humain accroît la gravité des pandémies et le risque qu’elles se produisent.

En plus de ses effets tragiques sur notre santé, la pandémie a révélé les faiblesses de notre système défaillant. Le poids du confinement se fait particulièrement sentir sur les personnes à faible revenu, les personnes âgées et les groupes qui subissent déjà une certaine oppression structurelle : les femmes, les peuples autochtones et les communautés racisées. La pandémie a aussi révélé les failles d’un système où nous exploitons les ressources naturelles limitées de la planète avec une attente illogique de croissance infinie, et où les gouvernements subventionnent la destruction de l’environnement en soutenant des industries et des entreprises polluantes. La croissance effrénée de l’économie est la principale cause de la déstabilisation de l’écologie et du plafonnement des conditions de vie d’une bonne partie des habitants de la Terre.

Avec le début des mesures de relance, nous devons réfléchir au but premier à poursuivre, et à la façon la plus efficace de l’atteindre. Pour qu’elle soit propre et solidaire, la relance doit faire passer les personnes avant les profits, et être axée sur des politiques qui favorisent le bien-être des personnes et des écosystèmes. Pour atteindre cet objectif, il faut définir des principes et créer des outils qui nous permettront de distribuer équitablement les coûts et les avantages de la relance, et qui nous aideront à faire évoluer notre idée de la croissance et l’axer vers la prospérité viable. Après tout, l’économie doit être au service de la société, et non l’inverse.

Le présent livre blanc a pour but de documenter les mesures d’urgence que le gouvernement fédéral a prises jusqu’à présent pour gérer la pandémie, ainsi que sur le travail de spécialistes préconisant une approche globale pour rebâtir la société canadienne et atteindre un meilleur bien-être collectif. Il présente les causes des multiples crises que nous vivons et montre que des mesures propres et solidaires de relance devront être prises pour que nous puissions surmonter ces crises grâce à leur synergie. Le présent document s’inspire aussi de mesures semblables que des organismes préconisent pour déterminer les sommes qui devraient être affectées et les façons dont l’argent pourrait être recouvré. Il définit enfin une série de recommandations fondamentales qui tiennent compte des principes et des outils de mise en œuvre des mesures de relance.

Les mesures traditionnelles de reprise économique font habituellement piètre figure sur le plan de la gouvernance et de la transparence. Nous devons éviter de renforcer le statu quo, qui se caractérise par l’investissement de sommes exorbitantes dans des actifs qui deviennent rapidement inexploitables, les risques financiers inutiles et la croissance des inégalités. Un ensemble de mesures axées avant tout sur le bien-être des personnes et des écosystèmes permettrait au contraire de créer un avenir meilleur par la synergie de leurs bénéfices connexes. Toutes les politiques doivent être fondées sur des mesures rigoureuses en matière de reddition de comptes, de transparence et de conditions à respecter développées sous les prismes du genre, de la justice sociale et des changements climatiques, et entreprises rapidement.

Les manifestations sur les questions environnementales qui ont eu lieu au cours des dernières années et dans l’ensemble du pays, et qui ont culminé en septembre 2019, prouvent que les Canadiens veulent rapidement passer à une économie à faibles émissions de carbone. En fait, à cause de l’inaction qui freine cette transition depuis une trentaine d’années, il faut maintenant une transformation rapide et en profondeur. Selon les derniers sondages, les Canadiens estiment que la pandémie de la COVID-19 est une occasion de nous attaquer à plus d’une crise par les mêmes mesures de relance. La population est largement favorable à l’imposition des énormes fortunes, à l’investissement dans les industries viables et au renforcement de l’engagement que le Canada a pris de lutter contre les changements climatiques, tant par des mesures d’atténuation que d’adaptation.

La relance propre et solidaire que les Canadiens exigent doit être vue comme un investissement à fort potentiel de rendement dans l’avenir collectif plutôt qu’une simple dépense de fonds publics.

 

Citations

 « Cette crise, ses répercussions et les mesures que prend le gouvernement pour y réagir représentent un moment historique. Nous, parlementaires, avons un devoir important à remplir. Nous sommes responsables de la réussite ou de l’échec des mesures qui seront prises et nous devons saisir toutes les occasions qui se présentent à nous pour rendre notre société plus résiliente. Par ce rapport, nous espérons favoriser une discussion constructive et inclusive sur les moyens possibles d’aller de l’avant ensemble. »

– L’honorable Rosa Galvez

« L’urgence climatique ressemble à l’urgence de la COVID-19, mais en plus lent et en beaucoup plus grave. Tant l’une que l’autre sont associées aux défaillances des marchés, aux externalités, à la coopération internationale, à des données scientifiques complexes, à des questions de résilience du système, au leadership politique et à des mesures qui dépendent de l’appui du public. » [traduction libre]

Dr. Cameron Hepburn

« Il ne s’agit pas de concevoir l’économie et l’environnement de façon séparée et de s’inquiéter des compromis à faire. En fait, l’économie est un sous-système de la biosphère. Elle évolue au sein de la biosphère. Tout ce que nous faisons dans l’économie – tout ce que nous produisons et consommons – provient de la nature. » [traduction libre]

Dr. Peter Victor

 

 

 

Principales recommandations

1

En plus de l’analyse comparative entre les sexes plus, toutes les politiques doivent être analysées par le prisme climatique, qui tient compte des répercussions sur les générations futures, et par celui de la justice sociale, qui est fondé sur le partage équitable des avantages et des coûts de la relance, y compris par rapport aux groupes faisant l’objet d’oppression structurelle, comme les peuples autochtones, et de discrimination intersectionnelle.

2

La relance doit être axée sur des mesures aidant les personnes plutôt que les entreprises, notamment le revenu de subsistance garanti, grâce auquel tous les Canadiens pourraient compter sur des services de base. Elle doit aussi investir dans les jeunes en leur permettant de faire des études et de suivre des formations dans les industries propres de l’avenir.

3

Lorsque de l’aide financière est versée à de grandes entreprises, cette aide devrait s’accompagner de mesures de reddition de comptes et d’engagements conditionnels et vérifiables à contribuer au bien-être des personnes et des écosystèmes. Les sociétés d’État et les décideurs qui sont chargés d’affecter l’aide financière doivent donc être tenus de respecter de meilleures normes en matière de transparence, de reddition de comptes et de respect de conditions strictes.

4

La relance doit activer le potentiel des écosystèmes naturels du Canada en soutenant les gardiens autochtones des terres ancestrales, la création d’incitatifs favorables à l’agriculture écoresponsable, le remboursement des agriculteurs pour les services écosystémiques qu’ils rendent et le financement des mesures de restauration et de préservation des écosystèmes.

5

Les investissements visant à propulser cette transformation doivent s’accompagner de mécanismes pratiques de recouvrement des coûts qui permettent aussi de lutter contre les inégalités croissantes. Ceux-ci incluent de nouveaux impôts s’appliquant aux Canadiens les plus riches et aux entreprises profitant indûment de ces crises afin qu’ils paient leur juste part des efforts, y compris la fin de l’aide financière accordée à l’industrie des combustibles fossiles.

6

Il faut améliorer nos bâtiments en accordant des incitatifs pour les bilans énergétiques et les mesures d’efficacité énergétique. Ces mesures doivent s’accompagner de codes de bâtiment rigoureux et bien appliqués. Les gouvernements doivent donner l’exemple en mettant l’accent sur des règles d’approvisionnement appliquant rigoureusement toutes les meilleures pratiques en matière d’efficience et d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.

7

Nous devons moderniser la façon dont nous produisons, transportons et utilisons l’énergie en utilisant des sources renouvelables d’électricité, des réseaux intelligents et une meilleure interconnectivité. Il faut aussi améliorer l’efficacité des utilisations finales de l’énergie.

8

L’industrie doit être transformée en cherchant surtout à donner des débouchés aux secteurs novateurs et en favorisant le principe de la circularité (notamment par la numérisation et le droit de réparer) et les mesures législatives contre l’obsolescence programmée et le suremballage.

9

Nous devons améliorer nos déplacements par des politiques axées sur les transports en commun, le transport actif, le déploiement de véhicules zéro émission et les infrastructures de recharge.

10

Il importe de promouvoir et de soutenir la recherche et le développement dans les secteurs à la croisée des sciences, technologies et de l’ingénierie dans les domaines émergents. Les secteurs clés comprennent la santé publique et les pandémies; l’utilisation efficace et intégrée des matériaux de construction; la production, le stockage et le transport de l’électricité; ainsi que la communication et le multimédia.

11

Les activités de collecte de données doivent être menées en temps opportun et de manière active, intense et rigoureuse, et elles doivent accorder une attention particulière aux données désagrégées pour permettre de surveiller dans quelle mesure les efforts de relance propre et solidaire livrent des résultats pour les différents groupes. Pour ce faire, il faut la collaboration de divers ministères et organismes, dont Santé Canada, Statistique Canada, Affaires autochtones et du Nord Canada, et des autres ordres de gouvernement.